Réchauffement climatique : trouver les variétés de pins maritimes les plus résistantes

Posted Posted in La Lettre B

À Bordeaux, une plantation de pins maritimes a été couverte d’une structure qui réduit l’apport d’eau pluviale à leurs racines. Cette expérience vise à étudier la résilience de cette essence face à la sécheresse estivale et à en déterminer les variétés les moins vulnérables aux conditions climatiques annoncées en Nouvelle-Aquitaine.

La structure en bois d’exclusion de pluie installée sur une partie des pins simule le climat annoncé de la fin du siècle, soit une réduction de la fréquence des précipitations de 30 à 50 %. Son toit amovible couvre les plantations pendant les épisodes de pluie uniquement pour ne pas influencer le microclimat de l’écosystème. Photos : université de Bordeaux

Comment évaluer les effets de la sécheresse sur les plantations de pins mari­times du futur ? Pour répondre à cette interrogation, le projet engagé par les scientifiques de l’unité mixte de recherche Biodiversité, Gènes et Communautés (Biogeco) de l’université de Bordeaux et de l’Inrae propose de réduire les quantités d’eaux pluviales dont disposent les racines de jeunes spécimens.

En février 2023, près de 400 pins maritimes ont été plantés sur le site de la forêt expé­rimentale de l’université de Bordeaux à Floirac (programme Forland). Huit popu­lations d’arbres ont été mises en terre : trois variétés landaises génétiquement améliorées, la population des dunes atlantiques, une population corse, des hybrides de pins corses et landais, et deux variétés, portugaise et espagnole, ayant un appareil vasculaire plus résistant à la sécheresse.

Un jardin quadrillé de 1 344 m2

« Cette expérimentation complète le suivi de la croissance et de la survie de deux plantations de 18 hectares, comprenant 18 000 arbres, situées sur les communes landaises de Sanguinet et de Vielle-Saint-Girons sur des sites gérés par l’ONF », complète Sylvain Delzon, directeur de recherche à l’Inrae.

À Floirac, les plantations ont été faites selon un quadrillage défini s’étendant sur 1 344 m2 : chaque spécimen doit y avoir des voisins de variétés différentes. Ainsi organisé, ce « jardin » en damier fournira des données quantitatives et rigoureuses.

Afin d’évaluer les effets de la diminution des précipitations prédites pour 2100, l’ONF et l’Inrae y ont installé un système d’exclusion des pluies sous canopée. Inauguré en octobre 2024, ce dispositif permettra l’étude de la résistance de ces nouveaux plants de la forêt expérimentale de Floirac au stress hydrique. Il sera ainsi possible de déterminer expérimentalement in situ l’effet de l’augmentation des sécheresses estivales sur le fonctionnement de l’écosystème des forêts de pins maritimes de Nouvelle-Aquitaine. Ce faisant, les chercheurs pourront évaluer les capacités d’adaptation et de résilience des différentes variétés.

Près de 400 pins maritimes d’origines géographiques diverses sélectionnés dans des pépinières en raison de leur résistance à la sécheresse seront suivis 10 ans en continu afin d’identifier les provenances des spécimens présentant les meilleures capacités à faire face au changement climatique.

Dix ans de suivi

Cofinancé par France Bois Forêt et la Région Nouvelle-Aquitaine, le dispositif d’exclusion de pluie, installé au milieu de la plantation, se présente sous forme d’une structure en bois de 200 m2 de surface et de 10 m de hauteur. Sa charpente a été réalisée en douglas, tandis que ses pannes sont en sapin. Cet auvent est doté de bardages translucides et d’une toiture amovible qui se déploie aux premières gouttes. « La quarantaine de plants, soit 10 % environ de la totalité consacrée à cette expérimentation, située sous la structure est placée sous le contrôle d’instruments qui permettent de surveiller leur transpiration, la production de photosynthèse, les flux de sève, ainsi que les conditions physico-chimiques du sol et de l’air », indique le directeur de recherche à l’Inrae. L’expérience d’accroissement du stress hydrique des jeunes plants débutera offi­ciellement en 2025, pour une durée de dix ans. Selon les chercheurs du Biogeco, les arbres sous couverture devraient recevoir 60 % d’eau de pluie en moins que leurs voisins poussant à découvert. Avant le terme de l’expérience, les scientifiques espèrent pouvoir formuler des recommandations aux sylviculteurs.
« On pourra sûrement leur indiquer les variétés les plus résistantes et les meilleures façons de les planter », pronostique Sylvain Delzon. 

EN SAVOIR PLUS

Partager l'article sur vos réseaux sociaux :