La filière défend la 1re énergie renouvelable de France et d’Europe

Posted Posted in La Lettre B

Le Parlement européen a proposé des dispositions restrictives concernant la valorisation énergétique du bois. Un sérieux coup de canif porté à l’esprit de la stratégie climatique communautaire, estiment les professionnels de la filière forêt-bois et les collectivités locales1 impliquées dans la transition écologique.

Plaquettes forestières. Photo : Atlanbois
Bois-bûche. Photo : Arbocentre
Granulés. Photo : Gérard Cottet/Propellet

Espace géopolitique en cours de décarbonation et en pleine crise énergétique, l’Europe cherche des sources d’énergies renouvelables. Désespérément. C’est d’ailleurs l’un des piliers de sa stratégie climatique, le fameux Fit For 55 (voir encadré). En cours d’adoption, ce paquet de lois et de réglementations européennes comprend un volet consacré aux énergies vertes. Concrètement, il s’agit de réviser, pour la troisième fois depuis son adoption initiale en 2009, la directive sur les énergies renouvelables, en anglais, Renewable Energy Directive, d’où son surnom : RED III.

Ambition contradictoire
Afin de réduire la dépendance de l’Union européenne aux énergies fossiles
(notamment quand elles sont produites en Russie), la Commission européenne a proposé qu’en 2030, les Européens consomment 45 % d’énergies renouvelables, contre 32 % initialement prévus. Si nos organismes sectoriels soutiennent pleinement cet objectif ainsi que l’exigence de très hauts rendements des chaudières à biomasse et la fin des aides allouées aux centrales à biomasse ne produisant que de l’électricité, les nouvelles dispositions sur la valorisation énergétique des bois récoltés en forêt, si elles devaient s’appliquer, constitueraient une aberration économique et écologique.
Par ses amendements au projet de nouvelle directive, le Parlement européen sape en effet le fondement de la stratégie climatique européenne. Le 14 septembre dernier, une majorité de députés européens a adopté des amendements excluant la « biomasse ligneuse primaire » du régime des énergies renouvelables. Cependant, les négociations entre les colégislateurs sont en cours avant une décision finale dans le courant du premier semestre 2023. Ces récentes dispositions – en attendant la décision finale – excluent des énergies renouvelables une très large majorité du bois-énergie issu de la forêt au nom d’une soi-disant réduction de la déforestation, de la destruction des habitats naturels et des puits de carbone forestiers.

L’exploitation du bois-énergie permet un équilibre financier indispensable au bon entretien des forêts.
En photo : bois-bûche conditionné pour livraison. Photo : Fibois Alsace

« En France, le bois-énergie, coproduit de l’exploitation forestière, est indispensable à la bonne gestion de nos forêts. Si l’on ne soutient plus cette énergie renouvelable, on va pénaliser l’entretien de nos forêts et la décarbonation de notre économie. »

Jean-Michel Servant, président de l’Interprofession nationale France Bois Forêt.

Première source d’énergie renouvelable
Or cette situation ne correspond en rien aux pratiques en usage dans les massifs français. Dans les massifs de métropole, le bois récolté est utilisé pour la fabrication de charpentes, d’emballages, de papier et de panneaux. Seuls les résidus de ces productions et les parties de l’arbre ne pouvant être valorisées autrement servent de combustible. L’activité des forestiers français est des plus contrôlées. Et leurs prélèvements de bois sont très inférieurs à l‘accroissement naturel des forêts.
La valorisation énergétique de la biomasse est, de loin, la première source d’énergie renouvelable consommée dans l’Hexagone. Le bois-énergie représente 36 % des énergies renouvelables produites en France (loin devant l’éolien et le solaire) et 66 % de la chaleur renouvelable. Plus de sept millions de logements sont aujourd’hui équipés d’appareils de chauffage au bois.
Restreindre l’usage du bois-énergie, c’est fragiliser la sécurité d’approvisionnement en énergie de millions de parti­culiers. C’est aussi déséquilibrer le modèle économique d’exploitants de réseaux de chaleur : près du quart de la chaleur consommée collectivement est produite par des chaudières à biomasse. C’est enfin menacer un pan de l’activité forestière, laquelle représente 50 000 emplois non délocalisables et génère 1,3 milliard d’euros de valeur ajoutée annuelle…


Fit For 55, ou Ajustement à l’objectif 55
Le paquet de propositions législatives Ajustement à l’objectif 55 doit permettre à l’Union européenne de réduire ses émissions nettes de gaz à effet de serre d’au moins 55 % d’ici à 2030 par rapport aux niveaux de 1990, et d’atteindre la neutralité climatique en 2050.


EN SAVOIR PLUS

europarl.europa.eu

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