Mégafeux : premier retour

Posted Posted in La Lettre B

Ravagées par plusieurs sinistres d’ampleur durant l’été 2022, les Landes de Gascogne ont bénéficié d’une mobilisation hors norme de sapeurs-pompiers français et européens et des professionnels de la filière.

Photo : SDIS 33

Il n’y avait plus eu d’incendie de grande ampleur depuis le 19 août 1949, date à laquelle un feu se déclare à Saucats, à quelques encablures de Bordeaux.
En quelques heures, l’incendie se transforme en un mégafeu. Il emportera 82 sauveteurs et militaires et ravagera, en une semaine, 52 000 ha de pinèdes. Cette année-là, l’été est marqué par des températures élevées et une sécheresse exceptionnelle. Les soldats du feu devront aussi faire face à des vents tourbillonnants. Les mêmes conditions ont marqué la saison des feux en Nouvelle-­Aquitaine durant l’été 2022.

Climat extrême
Publié le 29 août dernier, le bilan climatique saisonnier de Météo France est sans appel. Entre juin et septembre, la France a connu des vagues de chaleur pendant 33 jours. Ce qui constitue un record. Durant cette période, les cumuls de précipitation ont été inférieurs de 40 à 60 % à ceux d’un été classique. « Le déficit pluviométrique combiné aux fortes chaleurs a provoqué un assèchement record des sols superficiels de mi-juillet à mi-août », indique l’opérateur public. En Gironde, les premières mesures de restriction de consommation d’eau sont prises dès le 3 juin : inédit depuis 1959 ! Sécheresse, chaleur et sols desséchés ont créé les conditions propices à la propagation rapide du feu. Cela n’a pas manqué.

Soutien européen
Malgré leur grande expérience et leur professionnalisme éprouvé – les pompiers de Gironde traitent 400 à 500 départs de feu de forêts chaque année –, les soldats du feu ont été dépassés. Les 12 et 13 juillet, deux sinistres distincts se déclarent à La Teste-de-Buch et à Landiras. Attisées par des vents violents, les flammes progressent rapidement. En deux semaines, les deux mégafeux consomment plus de 28 000 ha de forêts. Environ 36 000 habitants et vacanciers seront évacués. Seule la mobilisation de moyens considérables a permis de limiter les pertes humaines et matérielles. Jusqu’à 2 000 soldats du feu ont été déployés dans les massifs girondins. Des renforts en provenance de Grèce, d’Allemagne, de Roumanie, de Suède, de Pologne, d’Italie, d’Autriche sont venus leur prêter main forte.

FLASH

Le 31 août 2022, un conseil d’administration exceptionnel de France Bois Forêt s’est réuni et a attribué à l’unanimité de ses membres un don de 20 000 euros à l’Œuvre des pupilles orphelins et fonds d’entraide des sapeurs-pompiers de France (ODP*), en RECONNAISSANCE des actions héroïques de nos pompiers face aux incendies de cet été caniculaire. Merci au nom de toute l’Interprofession nationale de la filière forêt-Bois !

*ODP est une association à but non lucratif créée le 27 mars 1926 sous l’impulsion d’un homme de cœur, le commandant Georges Guesnet. Reconnue d’utilité publique depuis un décret du 28 janvier 1928, elle est placée sous le haut patronage du président de la République. L’ODP a pour but d’assurer la protection matérielle et morale des orphelins et des familles des sapeurs-pompiers décédés en service commandé ou non.

Mobilisation des professionnels
Dès le début des incendies, 200 bénévoles de la Défense des forêts contre l’incendie en Aquitaine (DFCI) ont apporté leur concours aux secouristes. Ces courageux forestiers ont guidé les pompiers dans les massifs. Aux côtés des soldats du feu, ils ont réalisé des brulages tactiques contrôlés pour tenter d’endiguer les sinistres principaux. À la demande des pouvoirs publics, les sylviculteurs ont aussi élargi les pistes forestières, procédé à des coupes rases pour entraver la marche du feu et construit des pare-feu.
Les chasseurs, eux, ont notamment installé des réserves d’eau pour que les animaux situés dans les zones sinistrées puissent s’abreuver. Selon les premiers bilans établis par la DFCI, le montant des pertes pour les forestiers girondins touchés par les incendies pourrait s’élever à 40 millions d’euros, hors nettoyage et reboisement des massifs. Maire de Biganos et président de la DFCI, Bruno Lafon, par ailleurs président de la Section spécialisée pin maritime (SSPM) au sein de France Bois Forêt et président du Centre régional de la propriété forestière (CRPF) Nouvelle-Aquitaine, rappelle que le budget de l’État pour la prévention des feux dans les Landes de Gascogne ne s’élève qu’à 1,5 million d’euros par an. Un investissement sans doute insuffisant. Autre proposition formulée par le sylviculteur : ne plus planter de pins maritimes à proximité immédiate des chemins


La Défense des forêts contre l’incendie (DFCI) est un dispositif national français contre les feux de forêt. Elle comprend notamment : la mise en place d’équipements dans chaque massif sensible pour le cloisonner, en faciliter la surveillance, permettre l’accès et la sécurité des secours et assurer la permanence de l’eau ; et la mise en œuvre d’un dispositif estival de surveillance d’alerte.

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