Effectuée par le cabinet 1630 Conseil pour le ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation, l’étude « Entreprises de travaux forestiers : quels profils à l’avenir ? » dresse un bilan inquiétant de la situation actuelle et à l’horizon 2030. Mais elle comporte aussi des recommandations qui pourraient aider à redresser ce maillon clé de l’amont forestier.
Les ETF réalisent pour le compte de donneurs d’ordre (propriétaires, exploitants, coopératives ou industriels de la première transformation) 80 % des travaux de récolte (abattage, débardage) et 70 % des travaux de sylviculture (plantation, reboisement, entretien). Avec quelque 6 800 entreprises et près de 21 000 personnes, elles génèrent une valeur ajoutée estimée à 440 millions d’euros, soit seulement 1,7 % de celle de la filière forêt-bois, alors même que leur métier implique une forte mobilisation de capitaux permanents, notamment dans le matériel d’exploitation forestière. Outre ces préoccupations d’ordre économique, la profession déplore le fait que l’opinion publique ignore l’importance et la difficulté des métiers forestiers. Selon l’enquête « Les Français et la forêt », réalisée pour Stihl par OpinionWay en mars 2021, 62 % de la population préférerait une exploitation des forêts aussi réduite que possible, et seulement 5 % avec des robots et machines d’abattage de gros volumes. « La profession doit pouvoir vivre décemment de son métier, déclare Robert Dieudonné, président du pôle Forêt de la Fédération nationale des entrepreneurs des territoires (FNEDT). Ce n’est pas le cas aujourd’hui. Ils sont ainsi pris en étau entre la recherche économique du prix le plus bas de leurs clients et les conséquences de la surenchère environnementale sur leurs conditions d’emploi et de travail en forêt sur fond de solidarité impossible. »
Une feuille de route
Lancée il y a un an, avec la Fédération nationale des entrepreneurs des territoires et l’Office national des forêts, l’étude « Entreprises de travaux forestiers : quels profils à l’avenir ? » s’adresse à la représentation syndicale des ETF, aux associations, aux organismes et aux administrations qui les accompagnent, mais également aux parties prenantes et, tout simplement, aux passionnés de la forêt. Elle envisage quatre scénarios – plus ou moins probables et plus ou moins désirables – pour l’avenir des ETF à l’horizon 2030, et met en œuvre onze recommandations considérées par la FNEDT comme une feuille de route utile pour le redressement de la profession.
C’est le scénario D, intitulé « Une multifonctionnalité acceptée », qui apparaît comme le plus favorable pour les ETF.
Il s’appuie sur leur montée en compétence et la diversification de leurs indicateurs financiers : rentabilité, valeur ajoutée… Moins nombreuses qu’en 2020, elles ont augmenté leurs effectifs, se constituant en TPE/PME. Quant aux recommandations, elles concernent trois domaines :
- Modèle économique et concours publics : contractualisation de la relation économique entre l’ETF et son client ; diversification de l’activité (travaux sylvicoles, paysagisme, services bois-énergie…) ; labellisation (via les dispositifs PEFC, QualiTerritoires…) ; orientation de financements publics vers des activités vertueuses d’un point de vue écologique et nécessaires d’un point de vue économique…
- Formation et structuration : renforcement et réorganisation de l’offre de formation, rationalisation du nombre de centres d’enseignement forestier sur le territoire national, renforcement de la formation sur la gestion et les fondamentaux de l’entreprise (marketing, communication, numérique, financement…) ; constitution de réseaux informels d’entreprises.
- Image, discours et solidarité de la filière : valorisation des métiers des ETF et de leur image auprès du grand public ; mise en place d’un observatoire des données et des prix ; augmentation de la représentation professionnelle des ETF dans les instances syndicales de la filière.
La FNEDT a créé un comité de suivi des propositions du rapport, ouvert aux partenaires qui souhaitent y participer. « Il se réunira périodiquement pour réaliser un état d’avancement des réalisations, rechercher des solutions innovantes et établir des bonnes pratiques qui seront diffusées à l’ensemble des parties prenantes », conclut Robert Dieudonné.