Refer : des essences de diversification pour renouveler les forêts

Posted Posted in La Lettre B

Identifier et actualiser les données sur les parcelles d’intérêt installées depuis dix ans et plus, dans les différents réseaux forestiers expérimentaux, tel est l’objectif du projet Refer (Réseau expérimental forestier d’essences de diversification pour le renouvellement des forêts), financé par France Bois Forêt et porté par plusieurs partenaires.

Chênaie adulte (chêne sessile) en station méridionale. Photos : FCBA

Ce projet est parti du constat suivant : la plantation d’autres espèces d’arbres est une des voies possibles pour adapter les forêts au dérèglement climatique. « Ce n’est plus une éventualité, mais bien une réalité au vu des dépérissements observés. Cette adaptation est donc une préoccupation majeure pour les organismes de recherche et les gestionnaires », explique Alain Berthelot, ingénieur du pôle Ressources forestières des territoires à l’Institut technologique FCBA. « Nous ne partons pas d’une feuille blanche. Nos organismes ont planté, voici trente ou quarante ans, des espèces variées et peu communes en France. » Le programme Refer consiste donc à retourner sur ces parcelles âgées pour actualiser les données sur leurs peuplements en termes d’adaptation et de croissance des arbres : « Nous observons plus particulièrement la survie et l’état sanitaire, mais aussi la croissance : le diamètre, la hauteur… »

Échantillons de matériel végétal
Le deuxième axe du projet porte sur l’intérêt que présentent ces parcelles. Il s’agit d’identifier, d’une part, celles susceptibles de fournir des échantillons de bois de taille suffisante pour leur caractérisation mécanique, d’autre part, celles pouvant être sources de matériel végétal (graines, boutures, greffons…). Pour les premières, les informations collectées permettront de déterminer le potentiel de production de bois d’œuvre d’une espèce sous un type de climat, mais aussi de caractériser les régions où c’est possible, risqué ou impossible. « On pourra, pour les essences d’intérêt, lancer des études de caractérisation du bois plus “ciblées” », précise notre inter­locuteur.
Quant à l’éventuelle source de matériel végétal, toutes les parcelles ne s’y prêtent pas. « Une essence peut s’avérer très intéressante, mais offrir une base génétique insuffisante pour une utilisation à grande échelle. Si, au contraire, la diversité est au rendez-vous, il devient possible de transformer des peuplements existants en peuplements sources de graines. Et, dans ce cas, nous pouvons aller vite. Notre objectif est d’aboutir, pour quelques essences, à des préconisations. »
Les parcelles peuvent présenter trois niveaux de complexité. Le plus élevé étant celui du dispositif expérimental complet et mesuré, duquel sont tirées beaucoup d’informations, « mais ces parcelles ne sont pas légion ». Ensuite, vient la parcelle d’introduction – par exemple, cinq hectares de cyprès de Leyland (Cupro­cyparis leylandii) –, mais sans dispositif de recherche. « Et, encore plus simple, la parcelle que le forestier a plantée seul, il y a vingt ans. Aujourd’hui, les arbres sont là, ainsi que les informations à récolter. Lors des visites, il faut qualifier l’information collectée : issu d’un dispositif expérimental, d’une parcelle d’introduction lambda… » 

Billons de cyprès de Leyland (Cuprocyparis leylandii), issus d’une parcelle de 32 ans, à Saint-Avé, 
dans le Morbihan : bois exploités hiver 2020-2021.

Vers une mutualisation des données
Les organismes ne travaillant pas tous sur les mêmes essences, chacun d’eux a listé ses propres priorités. La mise en commun a permis de dégager 19 espèces – 13 résineux et 6 feuillus – jugées collégialement prioritaires.
Chaque partenaire qualifie ses propres parcelles en fonction des niveaux de production, de la possibilité de fourniture d’échantillon pour la qualité du bois ou de matériel végétal. « Nous en sommes à la rédaction de fiches, une par parcelle visitée, renseignant le lieu, le peuplement, les dimensions atteintes, les échantillons possibles », souligne Alain Berthelot. L’idée est de mutualiser ces données et d’en faire une base commune à tous. Les informations recueillies pourront enrichir les outils existants, par exemple, ClimEssences. Fin 2021, FCBA avait déjà visité plus d’une trentaine de parcelles (voir encadré). Les priorités dans les prochains mois : poursuivre les visites (Pinus rigida x taeda et Calocedrus decurrens), finaliser les fiches, caractériser le bois de cyprès de Leyland, partager les coor­données géographiques des parcelles pour les données climatiques.

Parcelle de cryptomères du Japon (Cryptomeria japonica) de 40 ans ; Les Hayers, Jura.

Bourgogne-Franche-Comté : 15 parcelles visitées et nouvelle série de mesures du dispositif ou installation d’une placette de production (13 fiches rédigées).
Nouvelle-Aquitaine : 5 parcelles visitées et nouvelle série de mesures du dispositif ou installation d’une placette de production (1 fiche rédigée).
Bretagne : 13 parcelles visitées et nouvelle série de mesures du dispositif ou installation d’une placette de production (fiches à rédiger).


Pour en savoir plus :
fcba.fr
inrae.fr
onf.fr
cnpf.fr
agriculture.gouv.fr

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