Installée dans une ancienne demeure bourgeoise en pierre appareillée, la mairie de Miribel, dans l’Ain, a été récemment réaménagée. Le projet de l’agence Human Architectes a dépassé la commande initiale du maître d’ouvrage, en transformant complètement l’organisation du bâtiment grâce au bois.
Avec sa formation de menuisier Compagnon du Devoir, l’architecte Alain Paris déclare avoir développé une sensibilité particulière pour le bois. Et cette sensibilité est partagée par Céline Gris, avec qui il a fondé l’agence Human Architectes, ainsi que par d’autres membres de ce collectif.
« La localisation de la ressource, l’acte de construire responsable, la dimension biosourcée des matériaux sont pour nous des notions importantes, explique-t-il. Le bois est au cœur de nos pratiques, tout comme le pisé ou la paille, des matériaux qui peuvent être facilement assemblés. » Le postulat de l’agence – « Replacer l’Homme au centre du projet architectural » – devient le fil conducteur de chaque démarche. Et dans le cas de la mairie de Miribel, il est parfaitement respecté, car le projet est construit en co-conception lors d’ateliers collaboratifs avec les agents municipaux. Ces consultations permettent de dégager quelques principes : covisibilité des espaces publics et semi-publics, connexion des différents espaces par une zone d’accueil centrale plaçant l’institution autour des citoyens, dissociation et optimisation des flux (usagers et agents)…
Ensoleillement et flux du public
La demande initiale du maître d’ouvrage, présentée dans le dossier du concours, est simple : réhabiliter l’accueil de la mairie et créer un sas thermique d’entrée. Les architectes commencent par étudier l’organisation du travail et constatent rapidement que la mairie fonctionne la plupart du temps avec des volets fermés, pour protéger l’intérieur du fort ensoleillement côté façade ouest. Ils décident donc de créer une nouvelle entrée pour le public de ce côté-là et de mettre en place une extension qui va gérer les apports solaires grâce aux brise-soleil réalisés en mélèze massif. Les carrelets 80 x 80 mm posés verticalement sont maintenus par des profilés métalliques. La couverture bac acier est isolée avec les panneaux de laine de roche de 60 mm d’épaisseur. Le plafond du sas est revêtu de carrelets 60 x 80 mm.
« Le choix du mélèze repose sur deux critères principaux : c’est une ressource disponible dans un rayon de moins de 150 km autour du projet ; ce bois répond aux exigences techniques du milieu dans lequel il est utilisé sans traitement additionnel, précise Alain Paris. La partie haute de la structure est protégée des éventuelles infiltrations par des débords de toiture, et le vieillissement devrait être uniforme parce que la façade est exposée de la même manière sur toute sa surface. »
Un atrium tout en transparence
À l’intérieur, le nouvel espace de 78 m2, de forme ovoïdale, est conçu autour d’une banque d’accueil centrale. On retrouve le principe des tasseaux de bois massif au plafond – en alignement – et verticalement, sur la casquette lumineuse située au-dessus de la banque d’accueil. Les périphéries sont constituées de deux couronnes : la première propose des guichets d’accueil ou encore des bancs et espaces d’information ; la deuxième se déploie plus au fond en accueillant les bureaux et les salles de reprographie. Ce sont les carrelets en épicéa massif 45 x 45 cm qui habillent le plafond revêtu d’une feutrine noire et d’un isolant en laine de bois, afin de concilier esthétique et acoustique. Le mobilier a été réalisé avec des panneaux 3 plis de la même essence. Pour inciter les entreprises à s’approvisionner en bois provenant de forêts à moins de 100 km du chantier, les architectes de l’agence ont inscrit cette condition dans les pièces contractuelles du marché.
« Les menuisiers passent en général par des centrales d’achat et n’ont pas encore tous l’habitude de cette démarche, qu’ils prennent pour un caprice d’architecte, constate Alain Paris. Mais les choses bougent et lorsqu’on leur explique les raisons de cette exigence et la façon dont ils peuvent devenir acteurs de cette démarche auprès des centrales d’achat, on parvient à les convaincre. Sur ce chantier, l’entreprise a rencontré des difficultés pour trouver de l’épicéa vraiment local, mais a réussi à se faire fournir les bois massifs d’origine France. Seuls les panneaux épicéa 3 plis viennent d’Allemagne. »
Bien qu’isolés du reste de l’espace, les bureaux restent connectés visuellement grâce aux parois vitrées, symbolisant la transparence de l’administration vis-à-vis du citoyen. Inauguré en 2020, ce nouveau lieu est apprécié par ses usagers qui, auparavant, travaillaient dans un open space à l’esthétique plutôt froide – carrelage, verre, peinture couleur crème au mur – et où l’acoustique laissait à désirer.
La présence du bois a transformé radicalement cette ambiance, en améliorant les conditions de travail : davantage de lumière naturelle, possibilité de s’isoler dans les bureaux, qualité acoustique… Des changements qui sont aussi du goût des visiteurs.
INFORMATIONS GÉNÉRIQUES
• Thème : réaménagement d’un lieu d’accueil
• Maître d’ouvrage : Mairie de Miribel (01)
• Essences utilisées : mélèze (Auvergne-Rhône-Alpes), épicéa (France)
• Entreprise bois : Genevrier Menuiserie (01)
• Année de livraison : 2020
• Lieu : Miribel, Ain (01), Auvergne-Rhône-Alpes
• Site internet : human-architecte.com
INFORMATIONS TECHNIQUES
• Maître d’œuvre : Human Architectes (69)
• Menuisier : Genevrier Menuiserie (01)
• Fournisseurs bois : Peltier Bois (35)
• Surface : 78 m2 + 22 m2 d’extension
• Coût du projet : 172 k€ HT
• Volume de bois : 1,16 m3