Accompagner les propriétaires, les gestionnaires forestiers et les mobilisateurs de bois dans le développement de la mécanisation des feuillus. C’est l’ambition du programme BOOM cofinancé par France Bois Forêt1 et piloté par quatre de ses membres2, avec le concours de l’Institut technologique FCBA3. À paraître en 2022, un guide des bonnes pratiques.
C’est un enjeu majeur pour la filière forêt-bois française, car la mécanisation des feuillus répond à plusieurs problématiques. Primo, la carence de main-d’œuvre : « Il devient difficile de trouver des opérateurs de bûcheronnage manuel », explique Philippe Ruch, chef de projets au sein du pôle Ressources forestières des territoires de FCBA. Secundo, la dangerosité de ces métiers et leur pénibilité : « La récolte mécanisée permet de travailler plus en sécurité et donc d’améliorer les conditions de travail. »
S’ajoute à cela la dimension économique. « Inévitablement, la notion de rentabilité et de performance entre en ligne de compte. » D’ailleurs, le taux de mécanisation sur les feuillus n’est que d’environ 15 %, « ce qui laisse une large place au développement ». À titre de comparaison, il dépasse 80 % pour les résineux.
Pointer les pratiques éprouvées
L’objectif du projet Boom, déployé sur deux ans, est donc d’accompagner dans ce développement les professionnels – propriétaires, gestionnaires, entreprises de travaux forestiers… Il s’agit de répondre aux questionnements quant au type de machines ou d’associations de machines-hommes à mettre en place par rapport aux produits attendus (bois d’industrie, d’énergie, d’œuvre, etc.), aux productivités possibles, aux points de vigilance à observer, et aussi de pointer les pratiques éprouvées, notamment en termes de qualité et de coût d’exploitation. En effet, « le peuplement, l’essence, le terrain, mais aussi le produit attendu vont conditionner le type d’engin à utiliser ». La première année a consisté à dresser un état des lieux de ces méthodes de mécanisation. Quatre tournées ont été organisées dans quatre régions forestières de France (voir carte). Soit, au total, 8 journées, 16 chantiers, 7 parcelles récoltées ou en passe de l’être mettant en œuvre 16 machines différentes. « Nous avons rédigé une compilation des données recueillies sur l’automne-hiver 2020-2021, téléchargeable sur le site de FCBA4. » Par ailleurs, 26 itinéraires techniques, combinant types de peuplement, de coupe, d’essence, de produit, ont été répertoriés et retenus pour leur pertinence.
Un outil d’aide à la décision
Entre autres sujets abordés : la qualité des produits issus de la mécanisation qui diffère d’une récolte manuelle, et donc la bonne réception des produits, le cahier des charges… « Sur la partie amont, les discussions avec les propriétaires, les gestionnaires et les conducteurs ou utilisateurs de machines, portaient sur la bonne préparation de la parcelle pour que les machines puissent y travailler correctement, et inversement, ou encore sur les précautions à prendre pour limiter au minimum l’impact des engins mécaniques sur le peuplement et sur les sols. » Si ce n’était pas la finalité de ce projet, ces tournées ont néanmoins permis d’instaurer un dialogue entre l’amont et la transformation pour mettre en lumière les points de rapprochement, les impératifs des uns et des autres, leurs limites. La seconde année de ce programme est axée sur la rédaction d’un guide des outils et organisations à mettre en œuvre, nourri par toutes les données collectées au cours de ces tournées et visites de chantier. Une première maquette de fiche technique a été présentée. Plus concrètement, une clé de détermination des situations types intègre douze critères de tri : pente, prélèvement à l’hectare, essence, volumes total et unitaire moyens, pourcentage d’arbres difficiles à façonner, distribution des diamètres, cloisonnements éventuels, entraxe, type de coupe, type de produit… « C’est un outil d’aide à la décision.
Ce sont ces critères qui vont conditionner le choix du système d’exploitation et déterminer si l’opération est faisable… Pour conclure, nous avons souvent le matériel adéquat, mais l’élément clé de la réussite de la mécanisation est celui qui pilote la machine. »
1 + Codifab (Comité professionnel de développement des industries françaises de l’ameublement et du bois), Copacel (Union française des industries des cartons, papiers et celluloses) et ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation. 2 Fédération nationale du bois, Fédération nationale entrepreneurs des territoires, Office national des forêts, Groupe coopération forestière. 3 Institut technologique Forêt Cellulose Bois-construction Ameublement, FCBA. 4 www.fcba.fr/ressources/boom-les-4-tournees-en-region-2020-2021/
Pour en savoir plus :