Créer un standard national de données « dessertes forestières » en vue d’une cartographie numérique du transport de bois ronds à l’échelle nationale. C’était la phase 1 de ce projet, débuté en 2018 et cofinancé par France Bois Forêt. Objectif atteint avec, en parallèle, la mise à disposition d’un outil collaboratif : NaviForest.
La première tranche du programme de cartographie numérique pour le transport de bois ronds est achevée. Le principal livrable est désormais disponible sous forme d’un outil collaboratif en ligne, développé par l’IGN1, avec l’aide des organisations professionnelles membres de France Bois Forêt (FBF). « Nommé “NaviForest2”, cet outil permet de mutualiser les informations sur la desserte pour le transport de bois », indique Christophe Ginet, chef de projet à l’Institut technologique FCBA3. Avec son homologue de l’IGN, Thierry Saffroy, ils étaient en charge de la mise en oeuvre de ce programme qui a bénéficié de financements par France Bois Forêt en 2018 et en 2019. Concrètement, il s’agissait de « s’appuyer sur un modèle de données partagé afin d’homogénéiser les pratiques lors de la numérisation de données liées à la desserte routière et forestière pour le transport du bois », ajoute-t-il. En effet, certaines régions travaillaient déjà sur la desserte forestière, mais il n’existait pas d’harmonisation entre elles : leurs bases, dites « en silo », ne sont pas interopérables. Afin de surmonter cet inconvénient, « le cadre défini pour ce nouveau standard est structurant pour les nouvelles numérisations et leur agglomération dans une base de données nationale », précise Christophe Ginet.
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1 Institut national de l’information géographique et forestière
2 navibois.ign.fr
3 Institut technologique Forêt Cellulose Bois-construction Ameublement
Un standard national
La phase 1 du projet a consisté notamment à faire l’inventaire des données existantes concernant les dessertes forestières (c’est-à-dire intramassif) et à analyser les structures de ces dernières. Créer ce standard national devait permettre de qualifier la desserte dédiée au transport de bois, aussi bien routière (routes principales et publiques) que forestière : « Plusieurs ateliers ont été menés avec les professionnels de la filière pour construire et valider une première version de standard, sous l’égide du CNIG4, porteur des démarches de standardisation des données géographiques au niveau national », détaille Christophe Ginet. Standard qui devait être, en outre, compatible avec le Covadis (son équivalent pour le transport exceptionnel). « Amené à évoluer encore, ce standard national offre un premier consensus pour décrire la desserte à la fois au niveau de ses tronçons (linéaires) et de ses ponctuels, comme les points de contrainte (virages serrés, ponts…) ou les équipements (aires de retournement, barrières…). » Entre autres informations : le gestionnaire, le type de revêtement, l’accessibilité selon la météorologie et le type de camion, la praticabilité… De même, est intégrée la réglementation bois ronds : les itinéraires de circulation d’un ensemble routier de 48 tonnes à 5 essieux et d’un 57 tonnes à 6 essieux, tels que définis dans les arrêtés préfectoraux.
Un outil collaboratif de référence
En parallèle, une numérisation des itinéraires bois ronds mentionnés dans les arrêtés préfectoraux a été réalisée sur l’ensemble du territoire métropolitain et sur la base de la BDTOPO® (base de données topographiques de l’IGN). Des itinéraires qui sont déjà visualisables sur l’outil collaboratif NaviForest, et peuvent être enrichis et actualisés au fur et à mesure de l’évolution de la réglementation.
« Tel un géoportail des routes pour le transport de bois », NaviForest s’adresse à deux types d’utilisateurs : les professionnels de la filière souhaitant consulter les itinéraires autorisés par la réglementation ou saisir de la desserte forestière intramassif ; et les instructeurs départementaux des Directions départementales des territoires et de la mer (DDTM) qui peuvent valider la conformité de la cartographie numérisée en fonction des arrêtés préfectoraux, puis la mettre à jour en cas de révision de ces derniers. « Il importe que ce soit un outil de référence en matière de transport de bois », insiste Christophe Ginet.
Si l’outil dispose de fonctionnalités permettant la saisie de données « desserte forestière », aucune base préexistante n’a été intégrée à ce stade. Un important travail reste encore à faire « pour trouver la bonne articulation avec les bases existantes volontaires, dans une démarche gagnant/gagnant : c’est un des objectifs de la phase 2 », précise notre interlocuteur. D’ores et déjà, les professionnels de la filière peuvent s’en emparer et avoir ainsi une vision des interconnexions des itinéraires bois ronds entre les régions ou départements voisins. « Cette cartographie nationale contribue à mettre en évidence les incohérences, par exemple, une discontinuité d’itinéraire en raison d’une limite administrative. Il faut voir NaviForest comme un lien entre les régions. L’idée est de travailler en synergie. » D’ailleurs, sont déjà disponibles sur navibois.ign.fr, un manuel utilisateur et des tutoriels sous forme d’une vingtaine de vidéos d’environ 2 minutes chacune, illustrant chaque fonction de l’outil.
Cohérence topologique des données
La deuxième partie du projet permettra principalement d’enrichir la base en dessertes forestières, à la fois linéaires et ponctuelles, pour décrire la desserte en forêt. « Nous avons proposé de récupérer une base existante dans une région volontaire et de mettre en place avec elle tout le mécanisme, ce qui demande du temps », précise Christophe Ginet. Quant aux régions dépourvues d’inventaire, la donnée devra être créée, et « cela passera par des projets régionaux avec les professionnels ». Du pain sur la planche en perspective, car si certaines bases existent, numérisées depuis quelques années, peu sont mises à jour, et certaines sont même obsolètes. « Une actualisation s’impose donc quand les données sont anciennes. Et quand il n’y a rien, il va falloir les créer en respectant le standard défini afin que la base de données nationale s’enrichisse au gré des apports. » Autre travail en prévision : assurer une bonne cohérence topologique des données, et avec les référentiels de l’IGN. À noter : 95 % des dessertes forestières ont été numérisées dans cette base, mais ne sont pas renseignées (revêtement, accessibilité…). « Donc tout ceci est à caractériser. D’où l’importance de désigner un administrateur pour garantir cette cohérence. »
Vers une application mobile
La phase 2, qui démarrera prochainement, prévoit de développer un outil mobile (applications sur smartphone ou tablette) capable de fonctionner en mode déconnecté, le réseau pouvant être capricieux en forêt. Son utilisateur doit pouvoir consulter les données, se géolocaliser grâce au GPS du téléphone et opérer des saisies simples directement sur le terrain. Ainsi, la base nationale est alimentée avec les remontées d’informations émanant des différents professionnels, tout en leur permettant de se servir de cette même base. « Notre volonté n’est pas de court-circuiter les dynamiques régionales. Ces dernières doivent garder leur leadership car ce sont elles qui sont en contact avec le terrain au niveau local. »
Il sera également possible d’accéder aux données en mode flux. Traduction : les entreprises, déjà dotées d’un outil cartographique en interne, pourront accéder aux informations « desserte » sans avoir à les télécharger en local, simplement en interrogeant le portail et en les affichant dans leur outil d’entreprise. L’intérêt ? Une donnée actualisée en permanence.
Pour en savoir plus
• ign.fr
• fcba.fr
• copacel.fr
• codifab.fr
• agriculture.gouv.fr
PROGRAMME
Réf. FBF : 19RD969
Budget FBF : 32 k€