Les frênes sous observation avec Chalfrax

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Victimes d’une maladie provoquée par un champignon parasitaire dénommé « chalarose », les frênaies françaises font l’objet d’un vaste projet de recherche. Bénéficiant du soutien financier de France Bois Forêt, le programme Chalfrax a démarré en 2015 pour cinq ans.

Depuis l’apparition du premier foyer de chalarose en France, en Haute-Saône, il y a une dizaine d’années, l’épidémie n’a cessé de progresser. Plus de quarante départements sont contaminés aujourd’hui. À terme, c’est toute l’aire d’occupation du frêne qui pourrait être touchée. Pour traverser cette crise, le Centre national de la propriété forestière (CNPF) coordonne un projet national de recherche et de développement appelé Chalfrax. L’objectif est d’élaborer une stratégie de gestion des peuplements menacés en tenant compte des conditions de développement de la maladie, de la vulnérabilité des peuplements et de son impact sur la valorisation des bois.

Le programme s’organise autour de cinq thématiques développant onze actions.
© CNPF

 

Des avancées majeures

Trois ans après son lancement, le programme est déjà riche d’enseignements. « Le planning a été respecté, de même que les objectifs de contenu », explique le coordonnateur du projet, Benjamin Cano, du CNPF-CRPF Nord/Pas-de-Calais/Picardie. Concernant les recherches sur la maladie elle-même, 411 dispositifs et références de terrain ont été installés en France, permettant de suivre près de 16 800 frênes.
Ces investigations auront donné lieu à une douzaine de rapports scientifiques et techniques que le comité de pilotage de Chalfrax compte bien mettre à profit des bénéficiaires du projet par des opérations de communication et de promotion.

En matière de génétique, les travaux relevant de l’axe 1 du programme, « Résistance et tolérance » ont bien avancé. Les premiers résultats confirment une résistance avérée au chalarose de certains individus, mais leur part est trop faible (- de 3 %) pour éviter le dépérissement des populations. On observe également une forte variation de cette résistance entre les provenances, entre les familles et au sein d’une même famille.
« Ces résultats permettent d’ores et déjà d’identifier finement les arbres qui vont faire l’objet de mesures de conservation et de multiplication végétative (greffage, bouturage) en vue d’une confirmation de leur niveau de résistance, préalable nécessaire aux programmes de création variétale envisagés par la suite », explique Benjamin Cano.

Un autre axe de recherche porte sur l’impact de différents scénarios sylvicoles et de pression d’inoculum (concentration de spores infectieuses dans l’air) sur la prévalence des dommages causés par la maladie. Pour cela, plusieurs sites expérimentaux ont été mis en place dans les Hauts-de-France. Leur observation a apporté de nombreuses informations sur le cycle infectieux du champignon : on sait ainsi que la maladie se propage essentiellement au pied des arbres, et que le taux de mortalité progresse plus rapidement sur les jeunes populations que sur les arbres adultes.

Des bois qui restent de bonne qualité

Les travaux menés dans le cadre de l’axe 4, « Qualité des bois et valorisation économique », ont abouti à un état des lieux précis de la ressource en frêne commercialisable. Il apparaît que seule
une part de la ressource représente un enjeu bois d’œuvre mobilisable facilement (plus de 7,5 cm de diamètre), ce qui permet de cibler plus judicieusement les prévisions de récoltes. En moyenne, le rythme de récolte reste stable pour le moment, bien que certaines régions sinistrées renvoient un signal significatif sur la progression des volumes commercialisés (multiplié par quatre en Hauts-de-France). Quant à la question essentielle de l’impact de la maladie sur la qualité des bois, les réponses apportées par une première étude démontrent l’absence de corrélation entre la chalarose et la qualité du bois.

En matière de stratégie de gestion, un outil d’aide au diagnostic de peuplements infectés a été mis en place : les sylviculteurs pourront ainsi quantifier les dégâts au sein des peuplements de frênes, mais aussi évaluer le niveau d’urgence d’intervention. Parallèlement, 34 dispositifs expérimentaux devant tester la faisabilité technico-économique d’itinéraires sylvicoles alternatifs pour gérer les peuplements atteints ont été déployés sur le terrain. Les résultats de ces travaux seront connus en 2019.

Une première étude a démontré que la chalarose n’avait aucun impact sur la qualité des bois. © Chambre de métiers et de l’artisanat des Vosges
En matière de stratégie de gestion, 34 dispositifs expérimentaux ont été déployés sur le terrain ; ils visent à tester la faisabilité technico-économique d’itinéraires sylvicoles alternatifs pour gérer les peuplements atteints. © CNPF

Communiquer pour répondre aux attentes

Côté communication, des enquêtes réalisées en Pologne et en Allemagne, pays touchés par la maladie depuis plus de vingt ans, ont donné des résultats encourageants : « Outre les enseignements tirés de l’expérience de ces pays en matière de stratégie, on constate que le frêne y est toujours présent », affirme Benjamin Cano.
Quant à la communication nationale, les acteurs du projet ont décidé de restituer les différents résultats plus tôt que prévu : « La maladie évolue très vite, et les attentes sont fortes de la part des professionnels concernés. » Site Internet, lettre d’information numérique – Frax’ e-news –, séminaires et conférences ont été mis en place afin d’apporter les premiers éléments de réponse. Un colloque de clôture, assorti d’un ouvrage de référence, est cependant prévu à la fin du programme pour livrer l’ensemble des conclusions.

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