Les vestiges du château de Domeyrat sont les derniers témoins de ce que fut autrefois une grande et prestigieuse place forte seigneuriale. Cette ruine féodale a traversé les temps depuis l’époque révolutionnaire jusqu’à nos jours avec ses larges brèches qui font encore l’objet d’interprétations naïves(bombardements). Ces béances et ses lacunes témoignent en réalité d’un démantèlement minutieux depuis la fin du XVIIIème siècle, véritable chantier de récupération pour la vente des matériaux de construction qui a généré cet état de destruction avancée, suivi d’une longue période d’abandon favorisant le morcellement progressif du site pendant le XXème siècle.

Il devient propriété départementale en 1979 et est classé au titre des Monuments Historiques le 30 décembre 1983.

Ouvert aux publics à partir de 1996, il va être géré par plusieurs associations jusqu’en 2014 ou il fermera ses portes.

En 2016, une Association se créer « Domeyrat Réinventé », reconnue d’intérêt général et Jeunesse et Education

Populaire, elle signe un bail emphytéotique de 50 ans avec le Département de la Haute-Loire propriétaire du château.

Elle en assure la gestion, l’entretien, l’animation et la restauration. C’est dans ce contexte que l’association lance une étude sur la consolidation durable et mise en valeur du donjon et de l’enceinte extérieure. Cette étude qui est aujourd’hui finie, a été réalisée par M. Laporte Christian architecte du patrimoine du cabinet CLAP de Clermont-Ferrand.

En l’état actuel des connaissances et des hypothèses admises, nous considérons que le château de Domeyrat a été en grande partie reconstruit à la fin de la Guerre de Cent Ans, peut être sur des fondations castrales antérieures, dont il pourrait subsister quelques témoins. En revanche, celui-ci revêt l’apparence trompeuse d’une forteresse, car dégagés des stricts impératifs de la défense, les constructeurs accordent plus d’apparence au confort et la modernisation des demeures avec une sous-représentation des composantes défensives. D’autant plus que le château est pourvu d’une dimension politique et symbolique forte car des moyens financiers exceptionnels ont été engagés : « sans l’appui de l’évêque de Clermont, (Martin Couge de Charpeigne) le programme architectural aurait probablement été moins ambitieux et aurait davantage composé avec les structures du château antérieur, selon un cas de figure très fréquent. »

Par ailleurs, le château est défendu par différents dispositifs naturels aujourd’hui presque illisibles. Or, le choix d’implantation du site castral sur son socle rocheux remonte au XIème siècle d’un ancien château terre et de bois. C’est donc à la fois le génie du lieu (vocation défensive et de dominance) mais avant tout l’héritage le plus ancien qu’il nous faut révéler. En somme le château de Domeyrat est un joyau unique de l’art militaire tout en étant une résidence d’apparat d’exception.

Pour ce qu’il est de la partie de restauration :

Nos propositions d’interventions se concentrent sur le colmatage des divers brèches et béances, préalable indispensable au sauvetage durable des vestiges qui seraient voués à disparaitre à moyen terme, si on ne remédiait pas à ce désordre.

• Réintégration ponctuelle de maçonnerie mimétique : intervention traditionnelle respectant les savoirfaire et technique en vigueurs, et favorisant l’utilisation des ressources locales est le réemploi (le château doit pouvoir être restauré à partir de ses propres décombres).
• Reprise structurelle des brèches pour qu’elles soient moins disgracieuses, plus fiables sur le plan structurel, et qui permet une lecture claire du pillage des pierres en évitant toute interprétation hasardeuses (Bombardement). Cela permettra :
  • De rétablir la continuité de descente des charges des maçonneries de moellons suite au retrait des pierres d’encadrement des anciennes baies.
  • De limiter la dissolution des mortiers par l’action des eaux de pluie.

La solution retenue consiste à restituer une maçonnerie de moellons épousant le négatif des pierres de jambages disparues. Les cadres fabriqués avec une ossature en pin de la Haute-Loire, pour permettre de venir tableauter les moellons et ainsi obtenir une couture en négatif avec arrêt en arrachement.

Mise hors d’eau de la tour des latrines.

• Rétablir la descente des charges des maçonneries supérieur en porte-à-faux.
• Éviter l’infiltration des eaux de pluies dans la tour, afin de pérenniser les dispositions intérieures.
• Refermer visuellement la brèche, dont la béance contredit l’idée du mur bouclier, par nature opaque et dépourvue de percements.

Nous proposons une solution de bardages de pin de la Haute-Loire, dont les lames pourraient être disposées de biais, permettrait de ménager ici un effet de transparence offrant depuis l’extérieur la lecture sur trois niveaux.

Réinterprétation du massif d’entée au corps de logis seigneurial

• Proposer d’entrée dans l’édifice par l’accès historique de la façade principale sud avec la mise en oeuvre d’un escalier droit, avec marche en bois dans l’emprise de l’emmarchement existant.
• Après une consolidation restitution des vestiges en place, venir s’appuyer dessus de manière détachée, de manière que ce soit visible en dessous comme un négatif.
• Mise en valeur du pendage et du vide refaçonnage du fossé. Dispositif de fausse-braie.
• Restitution d’une porte d’entrée en bois.
• Dégagement de la bute et révélation des emprises bâties accolées et de la chaussée de la basse-cour.
• Trappe en bois pour l’accès à la cave.

Création d’un escalier et coursières de circulation aériennes

• Création d’une liaison verticale qui s’inscrit dans l’emprise d’origine, reconnaissable grâce à l’arrachement du départ de la vis d’escalier, dont la base sera partiellement reconstituée en pierre de taille.
• Mise en oeuvre de coursières de facture contemporaine, prenant appui sur las maçonneries, aux niveaux des circulations anciennes permettant de rétablir la lisibilité des étages à l’intérieur du corps de logis.
• Ouvrir la visite aux niveaux supérieurs, et assurer la connexion et l’accessibilité aux installations à vocation mémorielles (latrines…) et distribuer des salles à l’intérieur des tours aujourd’hui inaccessibles et dont la porte d’entrée (porte sud) est aujourd’hui « dans le vide » suite, à la disparition des planchers (mise en valeur des traces et des coutures), notamment la salle des décors peints de la tour Sud-ouest.
• Offrir un parcours ludique et aérien… Offrir une vue à 360° sur le lointain paysage avec une interprétation contemporaine du chemin de ronde sur le niveau des machicoulis en saillie – lecture du monument dans son territoire… renouer avec sa vocation originelle.
• Ces structures aériennes permettront en outre d’assurer la maintenance, l’entretien et la dévégétalisation d’une grande partie de la maçonnerie du château, sans faire appel à des moyens lourds d’installations de chantier.